Avec Fred Noves
Les conversations philosophiques du samedi soir de Jean Claude et Francis, face à la mer, un pack de bière à la main.
Première sujet : La pêche à la ligne: déterminisme ou fatalité ?
JC : Regarde cette merveille Francis ! Une mer d'huile, une petite brise tièdes, des Îlots sauvages au loin... Jean Claude et Francis sont face à nous, sur le bord d'une jetée de rochers. La mer calme clapote de van t eux. Ils s'installent avec leur matériel de pêche. |
JC : J'adore venir pêcher ici ! On se sent revivre face à cette nature calme! Plan serré sur les deux visages Jean Claude est à fond, enthousiaste et tout. Francis défait les affaires, les cannes etc.. |
Francis : Tu veux une bière ou deux ?
Plan moyen Francis tend un pack de bières vers Jean Claude complètement surpris. |
Jean Claude en pensée : Certaines personnes vivent mal un arrachement trop brutal à la civilisation... Plan sur les deux comme dans la 1ere case. Ils boivent tous deux au goulot, les cannes plantées de van t eux. |
Jean Claude : Tu te rends compte ? Cette crique doit être un des derniers coins de nature vierge de la côte. Plan large sur les deux installés sur leur jetée, face à la mer. Francis tête sa bière. Les lignes trempent. |
JC: Pas d'horribles résidences, pas de villa bétonnée. Même pas une seule paillote crasseuse! Plan plus serré sur Jean Claude. On quitte lentement Francis sur la droite du plan. |
JC : C'est tellement rare de trouver un endroit protégé de la folie des hommes.
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JC : …
Plan large. On découvre que Francis est en train de faire une petite tour composée de la glacière, de verres et de quelques canettes. Regard atterré de JC. |
Plan aérien sur la crique Le soleil s'y couche. La mer est belle. |
JC: Quelle splendeur ! On entendrait presque la subtile musique du ciel. Plan serré de face sur les deux Jean Claude est à fond, Francis impassible. |
Francis : BROOOOOT ! |
JC en pensée : Encore 2 ou 3 bières et je n'y prêterai même plus attention. Plan moyen face sur les deux. Jean Claude s'envoie une goulée de bière tout en regardant Francis du coin de l'śil |
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Jean Claude : Ma ligne a bougé non ? |
Francis : Les scientifiques préfèrent appeler ça la marée. Plan idem. Les lignes continuent de flotter et Francis commente. |
JC: Sans rire, Francis... Ma ligne a bougé non ? Plan moyen sur les deux . Jean Claude tente un coup de bluff, genre si-aujourdhui-je- choperai-du-poisson. |
Francis : Des dizaines de poissons s'y sont accrochés et se sont jetés à tes pieds.
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Francis : Mais comme c'était juste le moment que tu avais choisi pour t'assoupir, je les ai tous rejeté à l'eau. Plan idem. Francis continue et JC commence à le prendre avec une grosse moue, vexé à mort. |
Jean Claude: ÇA VA! C'EST BON! OK ! Plan idem. JC l'a mauvaise. Il se jette sur Francis, bras en l'air en gueulant. Francis le retient tout en feignant de jeter un śil à sa montre. |
Jean Claude : Ca doit être terrible de se faire pêcher. Plan moyen face sur les deux, assis sur la jetée, les lignes en place. |
JC : Tu te vois entrain d'être tirer vers la surface, un piercing dans la joue ? Plan serré sur les deux visages Jean Claude s'emballe dans sa discussion. Francis est impassible à ses côtés. |
Jean Claude : C'est évident ! Tu veux croire en une force supérieure, en une clémence divine qui te viendrait en aide ! |
Francis : Je crois que ta ligne a bougé.... Plan moyen sur les deux, assis sur la jetée. Francis annonce et Jean Claude s'affole : il se dresse face à sa ligne tendue et se met à tirer frénétiquement dessus, un regard mauvais. |
JC : Pauvre poisson…il se ballade tranquille, après sa journée de travail …et là CLAC ! il tombe pile sur un petit ver bien gras. Plan moyen sur les 2 pêcheurs. Jean Claude est toujours entrain de remonter sa ligne, à fond. Francis observe et contemple. |
JC : A quoi tient son existence à cet instant ? Un simple choix, un mauvais enchaînement qui fait qu'il est au mauvais endroit au mauvais moment... Plan serré idem sur les deux Jean Claude continue passionné. Francis écoute impassible., |
THX : Iiiiarkk ! |
Francis : Les mouettes ont l'air d'approuver !
Francis commente en se descendant une bonne rasade. Tandis que la chiasse finit de dégouliner sur JC. |
Jean Claude : Poisson/pécheur, même combat ! Un mauvais choix suffit à faire basculer notre vie. Plan moyen sur les deux. Jean Claude remonte sa ligne avec une attention frénétique. Il s'essuie le visage de l'autre main. Francis suit la scène. |
JC: Sans dec' ! Tu crois qu'en se levant, ce poisson pensait qu'il allait mourir ?
Plan serré sur les deux. Jean Claude continue de remonter sa ligne avec précaution. Francis regarde. |
Plan moyen. Le poisson surgit enfin des eaux. Et c'est une chose toute ridicule qui pendouille en miniature au bout de la ligne. |
Francis : Vu la taille de la bête, j'opterai plutôt pour le suicide. Plan serré sur les deux Jean Claude porte le ridicule petit poisson devant ses yeux. gent commente. |
Jean Claude : On est tous des poissons quelque part.
Plan moyen sur les deux. Jean Claude se lance dans des hauteurs ultra philosophiques son poisson à la main. |
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Francis : Aaaarggh !!!!
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Francis : Francis le mérou suffoque ! Il réalise qu'il est à l'air libre depuis bien trop longtemps ! Plan moyen. Jean Claude est blasé. Francis parle allongé en arrière (on ne voit que ses pieds) et tend une main crispée vers la glacière. |
Jean Claude : Tu as peut-être sauvé ta vie en choisissant de venir pêcher avec moi. Plan moyen sur les deux Jean Claude machine le bout de sa ligne Francis ironise, sa bière à la main. |
Jean Claude : Imagine! Tu pourrais être chez toi, en train de t'étouffer avec un bretzel, de te noyer dans tes toilettes ou de t'exploser le tympan avec un coton-tige… Plan serré sur les 2 Jean Claude finit de décrocher son pitit poisson de sa ligne. |
Francis : Attends! C'est quoi là-bas ? Jean Claude : Hein? Plan serré sur les 2 Francis interromps Jean Claude et se met à contempler le lointain, une main sur le front. Jean Claude stoppe net, le poisson à /a main. |
Francis : J'hésite… un requin blanc affamé, une tornade acide ou un début d'hivers nucléaire ?
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Jean Claude : Notre vie est tellement plus compliquée que celle d'un poisson.
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JC : Nous, on a des centaines de choix à faire chaque jour. Et ils sont tous aussi importants que vitaux. Plan moyen sur les 2. Jean Claude philosophe sur la multitude de choix qui jalonnent notre quotidien. |
Francis : Je n'en vois que deux principaux. Plan moyen sur les 2 Francis rétorque d'un ton léger. JC se retourne vers lui, dans l'attente moqueuse de son point de vue |
Francis : Se lever ou rester au pieu.. |
Jean Claude : C'est dingue comme paradoxe ! Le moindre choix peut s'avérer crucial et même temps nous devons en affronter des milliers au quotidien... Plan moyen sur les 2, assis sur la jetée, les cannes entre les jambes
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JC : Donald ou Mickey ? Slip ou caleçon ? Littéraire ou scientifique ? Nintendo ou Playstation ? L'embrasser ou rester bon copain ?
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Francis : Star academy ou Patrick Sébastien…
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JC en pensée: Le samedi soir n'est pas forcément représentatif...
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Jean Claude : C'est Fou ! Notre vie entière n'est qu'une succession de choix !
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JC: Pire même! Chacune de nos décisions déclenche une nouvelle série de choix. Plan serré sur les 2. Jean Claude réfléchit, la canne toujours entre les mains. |
JC : Tu imagines l'infinie de voies labyrinthiques qu'un ridicule petit « oui » peut entraîner ? Plan moyen sur les 2. La bulle de Jean Claude se détache sur un ciel couchant où premières étoiles apparaissent. |
Francis : OH OUI !
Plan serré sur les deux. Jean Claude regarde Francis se retourner vers la glacière, une langue avide et assoiffée sur les babines.
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Jean Claude : C'est drôle tout de même ! L'idée que nous faisons évoluer notre destinée à chaque instant ne nous terrifie pas plus que ça... Plan serré sur les deux. Jean Claude a repris sa pêche, un peu plus euphorique. Francis continue également.
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Francis : Peut-être parce qu'il y a pire. JC : Ah bon?
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Francis : Notre destin évolue aussi et bien plus au gré des choix d'autrui.
Plan moyen sur les 2 et la jetée. Francis balance son commentaire.
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Jean Claude : Comment peut-on encore agir avec insouciance quand toute notre vie dépend d'une unique décision ? Plan large sur les 2 pêcheurs, la jetée, les étoiles, le monde |
JC : Comment se fait-il qu'on ne passe pas des heures à peser le pour et le contre du moindre de nos choix ? Plan moyen sur les 2 pêcheurs, la jetée JC continue de philosopher. |
Francis : TON POISSON ! IL S'ENFUIT ! IL S'ENFUIT! Plan serré sur les deux Francis affole subitement Jean Claude au sujet de sa prise, qui reposait jusqu'à présent à ses côtés. La prise se met en effet à gesticuler. Jean Claude la matraque à coups de bouteille. |
Francis : Tu vois : c'est pas si compliqué! |
Jean Claude : J'aimerai bien connaître à l'avance ce qu'un de mes actes va entraîner. Plan moyen sur les 2 pêcheurs et la jetée. Jean Claude a toujours sa bouteille de bière à la main. Francis pêche.. |
Jean Claude : Ce poisson par exemple. Qu'est ce que le fait de l'avoir tué va changer au cours de ma vie ? Plan serré sur les deux Jean Claude ramasse les bouts aplatis du poisson qu'il a pêché. Francis regarde droit de vant lui. |
La mouette : IIIARRRRKK
Plan serré sur les deux. Une mouette rentre à fond dans le cadre et plonge sur les morceaux du poisson. |
Francis : Plus grand chose !
Plan large sur la jetée et les deux pêcheurs. La mouette s'envole au 1er plan, le poisson dans le bec. |
Jean Claude : Imagine que cette mouette soit un signe. Peut-être que chacune de nos actions s'inscrit dans un ensemble beaucoup plus vaste. Plan moyen sur les deux pêcheurs sur la jetée Jean Claude cherche la mouette du regard |
Jean Claude : Comme l'histoire du papillon chinois dont le battement d'ailes déclenche une tornade aux USA. |
Francis : BROOOOOT !
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Francis : Tremble Miami!
1er plan sur le derrière des têtes de Francis et Jean Claude. Devant eux, on découvre le lever de lune sur la crique sauvage |
Jean Claude : J'aime bien cette idée d'un immense enchaînement de causes et de conséquences.
Plan serré sur les deux Jean Claude s'emballe pour son nouveau veau point de vue. |
JC: Même s'il est indiscernable, tout semble plus lié et plus naturel,
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Francis : AH ! OH ! Mais que se passe-t- il ... ?
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Francis : Une cause inconnue pousse mon bras vers la glacière de bière ... et…je ne peux résister... Plan moyen sur les deux. Francis, toujours dans son délire de résistance physique à une force extérieure, jette son bras dans la glacière. Jean Claude comment, dépité, à ses côtés |
Jean Claude : Nous ne sommes donc peut- être que les maillons d'une interminable chaîne qui nous guiderait à notre insu. Plan serré sur les deux Jean Claude continue dans sa théorie. Francis se descend une nouvelle bière. |
JC : Sans m'en rendre compte, j'aurai pêché ce poisson afin que cette mouette nourrisse sa nichée. |
La mouette : IAAAAARRK!
Plan serré sur les deux. On entend le cri de /a mouette au loin hors cadre, tandis que Jean Claude se ramasse son bout de poisson pourri en pleine poire. |
Francis : Tu as du te gourer sur la taille exigée.
Plan moyen sur les deux. Tandis que Jean Claude hallucine, Francis commente imperturbable, |
A suivre...
Les strips mis en images, c'est là.