Imaginarium Austerlitz : Une large rotonde s'enroule face à moi, luisant de tous ses pavés ocres et dépareillés. Les voitures et les coches passèrent en nombre ici, il y a longtemps. Les alentours sont désormais déserts. Seule la statue de l'empereur anime le vide de son sabre agressif qui fend l'air et indique la Mort proche, tapi dans les tranchées voisines. Le jeune corse est tout là, dans cette statue, à la pose immuable et au bicorne de bronze. Une seconde image se superpose à cette première. Elle représente un Caniccionni, compagnon d'Hypokhâgne, debout sur le perron feuillu de notre unique salle de classe. Du bout de ses lèvres charnues, il commente le devoir d'histoire à venir. Il dit que pour savoir si une bataille française s'est conclue par une victoire ou une défaite, il suffit de réfléchir aux noms de places, de gare ou de lieu public. Si un de ce lieu existe, c'est à coups sûr que la Patrie a vaincu. Troublante réalité de nos mémoires collectives qui nous fait vivre dans l'unique souvenir de nos victoires. 11/07/03 Café Des Créches |